vendredi 30 janvier 2015

Un baiser de cinéma - extrait

Peu intéressée par le scénario qui défilait sur la toile, je fermais les yeux un instant, toute à mes pensées. Je me permettais d'imaginer ce bel homme, celui qui aurait du m'attendre dans cette salle. On se serait regardé du coin de l'œil, on aurait échangé des sourires gênés. De la pointe du petit doigt, il aurait frôlé ma main posée sur l'accoudoir entre nous. J'aurais accepté son invitation en caressant légèrement sa cuisse. Après un nouveau regard, portés par une pulsion inopinée, il se serait penché pour moi pour que nous échangions notre premier baiser. Perdue dans mes chimères, j'avais la bouche légèrement entrouverte. Je resserrais mes cuisses et avais presque envie de me caresser un peu. Un choc dans la poitrine, l'imagination qui s'arrête tout à coup. Je sentis soudainement une présence. Qui pouvait ainsi me sortir de mes songes ?
Mes paupières s'ouvrirent d'un coup et ma respiration se coupa nette quand des doigts commencèrent à jouer entre mes cheveux, frôlant délicatement mon cou. Un électrochoc, des frissons. Je serrais les cuisses machinalement, parcourue par le désir. Les doigts, avec dextérité, massaient ma nuque de leur pulpe, s'échappaient entre mes mèches et disparaissaient un temps, avant de revenir. Ma respiration s'accélérait, mes doigts serraient l'accoudoir alors que mes pensées recommençaient à cavaler. Je fermais à nouveau les yeux, offerte à mon bonheur.
Un baiser sur ma tempe gauche. Un souffle chaud dans mon cou. Je sentis ensuite une main descendre sur mon sein, affolant mon téton, crispant tout mon corps. Quel supplice, quel délice. Le film déroulait son histoire alors que mon corps en écoutait une autre. J'étais totalement enveloppée par sa présence, sa bouche dans mon cou, sa main droite sur mes seins alors que la gauche parcourait les contours de mon nombril. J'étais sienne. Je l'entendis sensuellement susurrer mon prénom, quelle surprise. C'était mon rendez-vous, juste derrière moi. Personne d'autre ne pouvait connaître mon pseudonyme. J'attrapai fermement cette main qui me visitait toujours, de plus en plus, de mieux en mieux puis je me levai d'un bond et suivis ma rencontre, guidée par l'envie.

vendredi 23 janvier 2015

Le Cadeau - extrait

Dès que je pose un pied dans la rue, je sens le petit appareil vibrer. Comment vas-tu mon amour ? Véronique, c'est le numéro de Véronique. Qu'est-elle en train de préparer ? Il vibre encore.J'ai envie de toi. Mes yeux dévorent le message, je le détaille encore et encore. Je n'en reviens pas de lire ces mots. Jamais Véronique ne m'écrit ce genre de choses. Cela ressemble plus aux sextos que j'échange avec mon assistante. Juste comme ça, simplement pour me sentir vivant. Je n'ai jamais trompé Véronique et je n'en ai même jamais eu envie. Elodie, sa vingtaine, c'est juste un peu de piment dans ma vie, un baume de tendresse sur mes journées, une palpitation intense. Je me sens vide sans toi. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Je relis sans cesse toutes ces lettres sur le petit écran. Comment vas-tu mon amour ? J'ai envie de toi. Je me sens vide sans toi. Je sens mon cœur s'accélérer soudainement, ma poitrine se serrer. Je m'aperçois que mon bas ventre s'engourdit et que mon sexe enfle légèrement.
« C'est le bouquet », tu parles d'un nom pour un fleuriste. Personne ne vient. J'avance.
— Bonjour, je suis monsieur Bréal.
— Ah oui, voilà pour vous Monsieur, me répond la vendeuse comme si elle m'attendait.
Me voilà avec un énorme bouquet de roses, couleur rouge sang. Entre les tiges je découvre du papier bleu, un mot. « Rendez-vous 20h, Hôtel Amour ». Machinalement, je regarde ma montre, j'ai trente minutes devant moi. L'attente me paraît aussi excitante qu'interminable. J'ai envie de la retrouver. Je suis certain qu'elle est en robe, qu'elle a réservé une superbe chambre, qu'elle nous a servi des coupes de champagne. Peut-on, dans cet hôtel louer une chambre à l'heure ou nous offre-t-elle une nuit ?
Elle doit avoir envie de changement, de nouveauté. Une nuit à l'hôtel, à quelques pas de chez nous, cela faisait des années qu'on en parlait. Nous n'avions jamais osé. Cela nous paraissait fou, original, exotique. L'hôtel où m'attend Véronique n'est qu'à quelques encablures et je le rejoins rapidement. Devant, il n'y a personne. Prend donc une coupe au bar. J'aime de plus en plus ses messages. Je fais encore mieux que de m'accouder, je me dirige sur la terrasse où, les fauteuils, rouges comme mes roses, ressemblent à des dizaines de coquelicots dans un champ de nuages blancs. J'ai envie que tu me prennes, là, maintenant. Je reçois ses envies comme des coups de poings dans la mâchoire, dans le ventre, dans le cœur. Je me fais dur, fort, puissant. Je sens l'envie me dévorer de l'intérieur. Mes testicules s'alourdissent, mon sexe gonfle encore. J'imagine Véronique, une pose lascive, nue, étendue sur un lit défait. Elle n'attend que moi, reins cambrés vers le ciel, offerte.

vendredi 16 janvier 2015

Trois Temps - extrait

Un, deux, trois. Un, deux trois. Josiane commença à virevolter, dans les pas de Pablo. Un, deux, trois. « On sourit ! » cria le professeur. Un, deux, trois. Josiane, aimait le regard profond de cet homme viril, la force de ses bras, la puissance des doigts posés sur son dos. Un, deux, trois. Pablo avait un sourire féroce, des dents étincelantes, l'œil rieur. Il baissa légèrement sa main sur les reins de Josiane et approcha un peu plus son bassin de celui de la femme, aussi chamboulée par la danse que par son partenaire.
En le regardant, elle se souvenait de son mari, José, de leur rencontre, de leurs rires quand ils s'étaient confiés leurs prénoms. Ils pensaient être faits l'un pour l'autre, elle se voyait finir sa vie avec lui. Il avait été un mari modèle, un père parfait, un homme juste. Puis il était devenu sombre, amer, aigri. Josiane n'avait pas eu envie de finir sa vie à côté d'un homme qui la faisait se sentir vieille. Depuis leur séparation, elle interdisait d'ailleurs à quiconque de l'appeler « Josy » comme il le faisait. Son prénom, c'était Josiane. Elle s'appelait Josiane. Point.
« Allez, un, deux, trois. C'est très bien Bernard. Voilà. Tout est dans le regard ». Josiane était emportée par le tourbillon de ses émotions, les yeux accrochés à ceux de Pablo. Perdue dans ses pensées et pendue aux conseils de l'homme qui la maintenait si forte, si droite, Josiane ne voyait pas le temps passer. L'heure de cours lui parue ne durer que quelques minutes. Thérapeutique, cette valse physique avait également été une intense danse psychologique, spirituelle.

« Un, deux, trois. Un, deux, trois. Voilà, c'est bien comme ça. Regardez tous Josiane. Regardez ses jambes déterminées, son menton relevé. Un, deux, trois ». Après trois cours, Josiane maitrisait la valse de façon impressionnante. Pablo y était pour quelque chose, bien sûr, mais la femme y mettait surtout beaucoup d'elle-même. Entrée dans la danse comme elle serait entrée en religion, Josiane se perdait totalement, abandonnée à l'autre, guidée. Avec Pablo, elle avait trouvé une complicité inespérée. Le jeune homme, de trente ans son cadet, la faisait totalement devenir femme. Il l'appelait « Jo », elle avait immédiatement adoré ce surnom. Elle qui ne voulait plus entendre de sobriquets. Elle avait retrouvé ses vingt ans. La danse était entrée dans sa vie sans prétention mais elle l'avait, insidieusement, révélée à elle-même. Deux fois par semaine, dans les bras de Pablo, elle avait la sensation de renaitre, de découvrir à nouveau des sensations qu'elle pensait perdues à jamais. Un, deux, trois. Un, deux, trois. Ce rythme était désormais celui de Josiane. Au travail, dans les transports, chez elle.
Le quatrième cours terminé, Pablo déposa un baiser sur la joue de Josiane pour la remercier de cette belle heure de danse qu'ils venaient de partager. Elle se sentit frémir. Brun ténébreux, les muscles saillants sous un débardeur cintré, Pablo ne se séparait jamais de son sourire. Même lorsque Josiane, dans un élan de confiance, dans un moment d'absence, se permit d'inviter l'homme à boire un verre. A peine avait-elle prononcé ces mots, elle les regrettait déjà mais Pablo répondit très simplement « avec plaisir ma Jo ». Et il était parti s'occuper d'autres danseurs.
Pendant des heures et des jours, Josiane se sentit gênée. Heureuse comme une adolescente mais mal à l'aise, comme si elle était en faute. Boire un verre. Il n'y avait rien de mal à boire un verre. Mais elle savait au fond d'elle qu'elle avait envie de plus. Elle avait imaginé mille fois ce jeune homme tout contre elle, nu. Seuls dans cette petite salle avec vue sur jardin, dans son paradis hebdomadaire, ils étaient Adam et Eve. Elle souriait à cette idée, imaginant ce que serait devenu le monde si les deux premiers amoureux de l'histoire avaient eu trente ans d'écart. Qui aurait peint Eve, la cinquantaine, les seins tombants, le ventre flasque, les genoux ridés ?
Son Pablo tout contre elle, elle pourrait le caresser. Sentir sous ses doigts la fermeté de ses muscles, la vigueur de son sexe gonflé de désir, la douceur de sa peau, le rebondi de ses fesses. Elle l'inviterait à l'aimer, il hésiterait mais se laisserait tenter. Un jeune homme comme lui pourrait-il désirer une femme comme elle ? Josiane préférait ne pas le savoir. Entre deux pensées coquines, la culpabilité et le souvenir de José venaient doucement la ronger. Mais l'imagination et le pouvoir de l'envie reprenaient le dessus et emportait Josiane dans une valse onirique. Seule sur son lit — dans ses draps bleus froissés — la femme fermait les yeux et se laissait aller à tous ses fantasmes.

lundi 12 janvier 2015

© Fabien Hulot

N'est-elle pas sublime ?

C'est ça un bon dessinateur. Un ami, aussi.

On lui donne deux ou trois indications et il nous offre un dessin parfait, idéal.

Des traits qui inspirent des mots. Des traits qui attirent le regard.

Merci Fabien Hulot pour ce joli dos, ce ruban rouge, ces courbes délicates.

Découvrez son travail au plus vite :
http://fabienhulot.ultra-book.com/

Mille baisers

vendredi 9 janvier 2015

C.D.D - extrait

C'était un parfum, prenant, sucré. Une fragrance qui lui allait si bien qu'on l'aurait cru pensée pour son cou. Je n'avais jamais vu cette personne, c'était mon deuxième mois dans l'entreprise, j'étais là pour gagner quelques sous, pas pour faire carrière. Je travaillais pour m'occuper, mes ambitions étaient toutes autres. J'allais suivre mon mari à l'étranger, on allait avoir une nouvelle vie, loin des enfants, devenus grands, en dehors de la ville.
Ce parfum, dès qu'il a effleuré mes narines… Oh, j'ai senti mon cœur se ramollir, se serrer, se renverser, sans que je ne sache pourquoi. Il m'a émue. Bouleversée. Touchée. Il a annulé toutes les autres odeurs pestilentielles qui régnaient dans cette cafétéria pourtant aseptisée.
Assise devant mon plateau en plastique qui suintait encore la machine à laver, moucheté de tâches et jauni par le temps, j'ai senti son parfum avant de sentir sa présence. Juste à côté de moi. A quoi pouvait ressembler quelqu'un qui portait un parfum si fort ? Un parfum qui me ramenait à l'enfance, qui me rendait femme, qui me donnait envie d'aimer, qui provoquait en mon bas ventre, des montagnes russes jamais envisagées. Un millier de fourmis me parcouraient l'échine. Je sentais mes fesses se serrer puis se desserrer sans que je ne leur ai rien commandé. Troublée par son parfum, par sa seule présence. J'avais envie de voir son visage. De mettre un sourire sur cette odeur. J'avais peur d'être déçue, aussi. Si je tournais mon regard sur la droite et que ses yeux, sa bouche, son cou, ses cheveux n'étaient pas à la hauteur de ce que je m'étais imaginée en respirant son odeur ? J'avais envie de savoir, de découvrir, de rencontrer. Apprécier sa voix, peut-être, aurait pu me suffire pour me faire une idée, mais je n'entendais rien. Simplement sa respiration, délicate, reposée.
Ma main gauche, accrochée à mon plateau, commençait à trembler un peu, je sentais la transpiration envahir ma paume. Ma main droite avait posée sa fourchette et essayait de contenir mon trouble, mon empressement, mon excitation.
D'un coup, dans une brise transportant encore un peu de son parfum, j'apercevais un mouvement venant de ma droite. Et dans l'instant même, je sentais la chaleur de sa peau sur ma cuisse. Sa main. Je baissais alors la tête vers ma ceinture et apercevais ses doigts, longilignes, fins. Ils remontaient le long de ma cuisse vers la braguette de ce jean dans lequel je me sentais maintenant vraiment à l'étroit. Une chaleur humide s'emparait de moi, de mon bassin. J'avais la sensation étrange, jusqu'alors inconnue, d'être en érection. Moi. Femme. Cela était-il seulement possible ? Je me sentais si vide, j'avais plus que tout le désir que ces doigts me remplissent. Là. Comme ça. Sans raison. Mon cœur se soulevait dans ma poitrine, ma respiration était saccadée. Assise là, dans cette cafétéria bruyante et malodorante, seule devant mon assiette, je prenais un plaisir coupable à me faire caresser la cuisse. Et puis le ventre, par une main et une odeur. Je restais interdite. Je ne savais que faire. Insupportable supplice. Parfaite douceur. Je m'abandonnais un instant et me permis de fermer les yeux.

vendredi 2 janvier 2015

Comme je t'aime - extrait

Ma chérie,
Ce que j'ai aimé nos jeux, me promener sur toi, te parcourir, te découvrir.
Quand tu t'offrais toute entière à moi, trop pressée, trop heureuse. J'ai visité chaque recoin de ce que tu me donnais à regarder. Je te désirais tellement. J'étais venue pour ça, pour toi, pour que l'on se rencontre enfin.
J'ai frôlé ta langue, exotique à mon goût, guidée par la mienne, originale pour toi. Tu m'as susurré tes mots, ton jouale et tes accents, jusqu'à m'en caresser les tympans en roulant les « r », appuyant tes terminaisons en « aire ».
Dieu que j'ai aimé que nos langues se côtoient, se mêlent, se lient, se délient. Comme dans un langoureux baiser empreint d'amour, on a tant échangé, partagé. Comme j'ai aimé discuter avec toi.