vendredi 23 janvier 2015

Le Cadeau - extrait

Dès que je pose un pied dans la rue, je sens le petit appareil vibrer. Comment vas-tu mon amour ? Véronique, c'est le numéro de Véronique. Qu'est-elle en train de préparer ? Il vibre encore.J'ai envie de toi. Mes yeux dévorent le message, je le détaille encore et encore. Je n'en reviens pas de lire ces mots. Jamais Véronique ne m'écrit ce genre de choses. Cela ressemble plus aux sextos que j'échange avec mon assistante. Juste comme ça, simplement pour me sentir vivant. Je n'ai jamais trompé Véronique et je n'en ai même jamais eu envie. Elodie, sa vingtaine, c'est juste un peu de piment dans ma vie, un baume de tendresse sur mes journées, une palpitation intense. Je me sens vide sans toi. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Je relis sans cesse toutes ces lettres sur le petit écran. Comment vas-tu mon amour ? J'ai envie de toi. Je me sens vide sans toi. Je sens mon cœur s'accélérer soudainement, ma poitrine se serrer. Je m'aperçois que mon bas ventre s'engourdit et que mon sexe enfle légèrement.
« C'est le bouquet », tu parles d'un nom pour un fleuriste. Personne ne vient. J'avance.
— Bonjour, je suis monsieur Bréal.
— Ah oui, voilà pour vous Monsieur, me répond la vendeuse comme si elle m'attendait.
Me voilà avec un énorme bouquet de roses, couleur rouge sang. Entre les tiges je découvre du papier bleu, un mot. « Rendez-vous 20h, Hôtel Amour ». Machinalement, je regarde ma montre, j'ai trente minutes devant moi. L'attente me paraît aussi excitante qu'interminable. J'ai envie de la retrouver. Je suis certain qu'elle est en robe, qu'elle a réservé une superbe chambre, qu'elle nous a servi des coupes de champagne. Peut-on, dans cet hôtel louer une chambre à l'heure ou nous offre-t-elle une nuit ?
Elle doit avoir envie de changement, de nouveauté. Une nuit à l'hôtel, à quelques pas de chez nous, cela faisait des années qu'on en parlait. Nous n'avions jamais osé. Cela nous paraissait fou, original, exotique. L'hôtel où m'attend Véronique n'est qu'à quelques encablures et je le rejoins rapidement. Devant, il n'y a personne. Prend donc une coupe au bar. J'aime de plus en plus ses messages. Je fais encore mieux que de m'accouder, je me dirige sur la terrasse où, les fauteuils, rouges comme mes roses, ressemblent à des dizaines de coquelicots dans un champ de nuages blancs. J'ai envie que tu me prennes, là, maintenant. Je reçois ses envies comme des coups de poings dans la mâchoire, dans le ventre, dans le cœur. Je me fais dur, fort, puissant. Je sens l'envie me dévorer de l'intérieur. Mes testicules s'alourdissent, mon sexe gonfle encore. J'imagine Véronique, une pose lascive, nue, étendue sur un lit défait. Elle n'attend que moi, reins cambrés vers le ciel, offerte.

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